samedi 25 février 2012

Monere


L’intérêt que je porte pour l’archéologie et pour l’architecture sacrée m’a tout naturellement mené vers l’architecture égyptienne. J’y ai trouvé des notions qui s’inscrivent maintenant dans ma démarche. Il s’agit principalement de l’idée de contenu programmatique. Soit : temple = maison d’un dieu. Maison (à l’époque de l’Égypte antique) = mur penché de briques crues. Dieu = immortalité. Or, pierre = éternité. Donc temple = Mur penché + pierre.

Une forme en particulier a retenu mon attention : l’obélisque. Il s’agit d’un monolithe égyptien en l’honneur de Rê symbolisant un rayon de soleil figé. Cette forme se retrouve également dans de nombreux endroits indépendants de l’Égypte, notamment dans les monuments aux morts. En dépit donc de sa fonction première, c’est une forme dont la symbolique semble adaptable. Une histoire illustre particulièrement bien ce mouvement. L’obélisque du Vatican serait originaire d’Héliopolis, commanditée par le roi Amenemhat II. Il fut transporté en Alexandrie (conquise par Rome) par Auguste en guise de trophée militaire. Puis Caligula le fit transporter en 37 sur la spina du cirque du Vatican, lieu de martyre de nombreux chrétiens et de l’apôtre Pierre selon la légende. Enfin, le pape Sixte-Quint fit déplacer l’obélisque sur la place en face de la cathédrale du Vatican. Il l’exorcisa et fit placer à sa pointe une croix d’or afin que « cet instrument d’une fausse religion » puisse être converti « à l’usage de la vrai et sainte religion ». Cent ans plus tard, la place du Vatican telle qu’elle est maintenant fut construite autour de cet obélisque.


Monere est un simulacre d’objet d’antiquaire. Son aspect a pour vocation d’en faire un objet difficile à dater, une sorte de monument domestique que l’on pourrait à loisir ‘socler’ ou non et ainsi en modifier le rapport de domination avec le spectateur.

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